L’exploration initiale de l’infertilité masculine repose essentiellement sur le spermogramme, toutefois cet examen, bien que très utile en analyse de routine, ne donne qu’une idée générale de la qualité du sperme. Nous proposons un marqueur complémentaire pour évaluer le noyau des spermatozoïdes par l’analyse de la fragmentation de leur ADN (DFI, DNA Fragmentation Index) et de la décondensation de leur ADN (HDS, High DNA stainable, c'est-à-dire un défaut de la condensation de l’ADN des spermatozoïdes, caractéristique des spermatozoïdes immatures).
Nous utilisons la technique développée par Evenson il y a plus de 25 ans, qui reste la technique de référence : Sperm Chromatin Sctructure Assay (Evenson et al., 1980 ; Evenson, 2016) : l’ADN de 8000 spermatozoïdes est analysé en cytométrie en flux après préparation et coloration à l’acridine orange. C’est un test robuste, reproductible qui nécessite une grande expertise.
Dans quels cas l’ADN des spermatozoïdes peut-il se fragmenter ?
- En fin de vie du spermatozoïde au cours du processus d’apoptose (mort cellulaire)
- Durant la spermatogenèse (processus complexe de production des spermatozoïdes dans les testicules) lors du remodelage et compaction de l’ADN.
- En cas d’exposition du patient à un Stress Oxydant : la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes est un marqueur final du stress oxydant et elle est aujourd’hui reconnue pour être la première cause d’un DFI élevé.
Le stress oxydant peut être provoqué par la radiothérapie, la chimiothérapie, mais aussi une infection du sperme (présence de leucocytes), une inflammation, une varicocèle (varices des bourses), le tabac, l’exposition à de fortes chaleurs, l’obésité, une longue abstinence sexuelle, des toxiques de l’environnement.


Relation avec l’infertilité
- On considère que l’intégrité de l’ADN des spermatozoïdes est essentielle pour une fécondation normale, un bon développement embryonnaire jusqu’à l’accouchement après Assistance Médicale à la Procréation ou en fertilité naturelle (Esteves et al., 2017)
- On retrouve une incidence élevée d’homme ayant un DFI élevé dans le cas d’infertilité inexpliquée.
- La fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes a un impact sur les chances de grossesses que ce soit en fertilité naturelle mais aussi en AMP.
- Le spermogramme classique n’est que très peu corrélé avec le DFI en dehors du paramètre vitalité. Ainsi, on peut retrouver un sperme normal avec un DFI élevé
- Près de 40% des hommes infertiles ont un DFI élevé (spermogramme normal ou altéré) (Aitken et al., 2012)
- Des publications récentes ont montré que les taux de succès en AMP étaient diminués en présence d’un sperme avec un DFI élevé (Simon et al., 2014 ; Jin et al., 2015)
Quand réaliser ce test ?
Ce test n’est pas recommandé à titre systématique en 1ère intention par la plupart des Sociétés de Professionnels, cependant elles reconnaissent son intérêt dans les cas suivants :
- Après des échecs en Assistance Médicale à la Procréation (IIU, FIV ou ICSI)
- Présence de varicocèle clinique (varices des bourses cliniquement identifiées par un andrologue)
- Fumeurs
- Infection génitales récidivantes
- Infertilité inexpliquée
- Age supérieur à 40 ans
- Fausses couches à répétitions (au moins 2)
- Exposition de l’homme à des agents toxiques chimiques
- Antécédents d’exposition à une radiothérapie, chimiothérapie